Océanopolis, Centre national de culture scientifique dédié à l’océan, est, depuis plusieurs années,  impliqué dans divers programmes de conservation en faveur des coraux, des poissons tropicaux ou encore des mammifères marins.

Aujourd’hui, Océanopolis s’engage pour la conservation des requins et raies à travers deux  programmes. Via le projet StAR – Stegostoma tigrinum Augmentation and Recovery qui a pour objectif de réintroduire dans le milieu naturel des requins zèbres (Stegostoma tigrinum) issus d’œufs pondus en aquariums mais aussi à travers le transfert du poisson-scie (Pristis pristis) qui intègrera un programme de reproduction à la rentrée.

Des requins zèbres issus d’Océanopolis réintroduits dans la réserve naturelle des Raja Ampat en Indonésie 

« Les structures comme Océanopolis peuvent réellement avoir un rôle actif dans la conservation  in situ » Dominique Barthelemy, Conservateur en charge du milieu vivant à Océanopolis 

Le projet StAR – Stegostoma tigrinum Augmentation and Recovery, créé par le collectif international  ReShark, vise à réintroduire, dans le milieu naturel, des requins zèbres (Stegostoma tigrinum)  reproduits en aquariums.

Ces dernières années, les populations de requins zèbres ont connu un très fort déclin en Papouasie  occidentale en raison de menaces telles que la dégradation de leur habitat et la surpêche pourle commerce des ailerons de requins notamment. À l’échelle mondiale, le requin zèbre  (Stegostoma tigrinum) est inscrit sur la liste des espèces menacées par l’Union internationale pour

la conservation de la nature (UICN).

Malgré la création de zones marines protégées et la réglementation de la pêche, le nombre de requins ne croît pas. La sous-population de requins zèbres de l’est de l’Indonésie et de l’Océanie  est même proche de l’extinction.

Le projet StAR, mené par le gouvernement provincial de Papouasie occidentale et l’Agence  indonésienne pour la recherche et l’innovation, mobilise donc des partenaires au niveau international afin de garantir la reconstitution et la protection des espèces de requins zèbres sur le long terme. Le projet s’enracine au cœur d’un vaste réseau de zones marines protégées : l’archipel indonésien des Raja Ampat est situé près de la côte nord-ouest de la Nouvelle-Guinée, dans la province de Papouasie du Sud-Ouest.

Océanopolis vient de recevoir l’agréement « site de reproduction » devenant la 7ème structure, et seul  représentant français, identifiée par le projet StAR à l’international aux côtés de structures  américaines, australiennes et espagnoles.

« Les individus que nous présentons à Océanopolis sont génétiquement compatibles avec la population sauvage des requins zèbres des Raja Ampat. Dans le contexte de ce programme,  nous pouvons désormais envisager d’envoyer des œufs fécondés, pondus à Océanopolis, vers  l’Indonésie pour que les juvéniles soient réintroduits dans cette réserve naturelle. » explique  Dominique Barthelemy, Conservateur en charge du milieu vivant à Océanopolis 

Le poisson-scie intègre un nouveau programme de reproduction européen 

Poisson-scie pour les plus informés, requin-scie pour les novices ou encore « grand poisson avec un nez bizarre » pour les plus jeunes… Depuis 2001, cet animal est un incontournable de la visite  du pavillon tropical à Océanopolis.

Cette femelle poisson-scie (Pristis pristis) charme les visiteurs par la singularité de son anatomie et par sa taille impressionnante : 3m10. Dans le milieu naturel, ce rostre caractéristique lui vaut un succès malheureux auprès des pêcheurs qui convoitent également ses ailerons.

Cette espèce de poisson-scie est inscrite sur la liste des espèces en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et figure à l’annexe 1 de la convention Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages  menacées d’extinction (CITES) depuis 2007.

Grâce à la collaboration de trois structures : Océanopolis, Planet Ocean Montpellier et Oceanogràfic  Valencia en Espagne, le premier programme de reproduction de poissons-scies européens verra le jour d’ici la fin de l’année 2023.

L’objectif de cette collaboration est la reproduction de l’espèce par la constitution de deux paires mâle-femelle, potentiels futurs couples.

Dans le cadre d’un prêt de longue durée, la femelle présentée à Océanopolis sera transférée à Planet  Ocean Montpellier pour y rejoindre un mâle et, dans le même temps, le second mâle montpelliérain  prendra la direction d’Oceanogràfic Valencia, en Espagne, pour rejoindre une femelle.  Ces quatre individus sont les seuls représentants de l’espèce Pristis pristis en Europe.

« Cette collaboration est inédite et la reproduction de cette espèce n’a jamais été réalisée en aquarium. Il y a une certaine méconnaissance de ses cycles biologiques et ce programme  pourrait contribuer à mieux protéger les poissons-scies dans le milieu naturel.» Dominique  Barthelemy, Conservateur en charge du milieu vivant à Océanopolis 

Un voyage sous haute surveillance, un départ préparé depuis des mois 

Depuis le mois de mai 2023, l’équipe aquariologie d’Océanopolis applique un protocole de désensibilisation à l’animal pour préparer son départ.

« Outre la mise en place d’un programme de désensibilisation de l’animal à la présence proche  et répétée des plongeurs, nous avons également déplacé la station de nourrissage du poisson scie vers une zone de réserve. Attenante au grand aquarium des requins du pavillon tropical, cette  zone est accessible en tout temps lorsque la trappe est ouverte. Le conditionnement d’un animal  comme le poisson-scie prend du temps et demande de la patience de la part de l’équipe afin de s’assurer que l’animal y aille de son plein gré. L’ensemble de ce protocole a pour objectif

de préparer son transfert. Aujourd’hui, cette femelle répond très bien aux deux exercices et se rend avec aisance dans la zone de réserve lors des nourrissages. » détaille Pierre Ternat,  Responsable de l’équipe aquariologie à Océanopolis. 

La porte sous-marine d’accès à cette zone de réserve est désormais ouverte en continu pour que le poisson-scie puisse la rejoindre selon ses envies. Si les visiteurs ne l’observent pas dans l’aquarium des requins du pavillon tropical, cela signifiera certainement que l’animal s’y trouve.

Le départ est prévu pour le mois d’octobre 2023 et le transport se fera par camion. Ce camion sera  équipé d’un bassin de six mètres de long et d’une contenance d’environ 20 000 litres d’eau de mer.  Ce même dispositif a été utilisé avec succès pour le transport d’un poisson scie depuis Göteborg, en Suède, vers Valence, en Espagne.

Pour préparer au mieux ce voyage, l’équipe d’Océanopolis s’est rapprochée de vétérinaires de différents pays ayant de l’expérience dans ce type de transferts afin de recueillir leurs témoignages  et précieux conseils.

Le jour du départ, une douzaine de personnes sera mobilisée dans les coulisses d’Océanopolis pour accompagner l’animal de la zone de réserve attenante l’aquarium des requins du pavillon tropical jusqu’au camion. La manipulation se fera sous contrôle d’un vétérinaire et sera entièrement minutée.  Des répétitions sont prévues en amont pour faire de cet événement une réussite.

A PROPOS D’OCEANOPOLIS
Centre national de culture scientifique dédié à l’Océan

Depuis 1990, Océanopolis, formidable outil d’éducation, lieu de partage et d’échanges de savoirs, raconte  l’histoire naturelle de l’océan en accomplissant une mission de médiation scientifique avec pédagogie et créativité.

Océanopolis informe, divertit et émerveille le public. Il met la connaissance océanographique au service des visiteurs pour les sensibiliser au fonctionnement de l’océan, les interroger et leur permettre de mesurer  l’impact de leurs actions. Plus qu’une visite, une journée à Océanopolis est un voyage au propos scientifiques rigoureux au cœur d’une multitude d’écosystèmes marins pour changer son regard sur l’Océan : mieux  comprendre sa biodiversité, pour mieux la préserver.

 

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